Casino Royale

Un film de Martin Campbell

 

Avec Daniel Craig, Eva Green, Mads Mikkelsen, Judi Dench, Jeffrey Wright…

 

Alors que la franchise James Bond prenait de l’âge, la faute à un univers trop policé, pas assez mouvement, Casino Royale s’est affiché d’emblée comme un projet ambitieux de retour aux sources du mythe James Bond, et de l’œuvre de Ian Fleming plus précisément.

 

L’annonce du nouveau James Bond, Daniel Craig (Layer Cake), fit des vagues au sein des fans de la saga, qui y voyaient là un sacrilège, un James Bond blond, qui a peut les attributs du dandy anglais à la Roger Moore ou encore Pierce Brosnan.

Mais à la vue de Casino Royale, on ne peut que conclure à la réussite de ce choix osé. Ce nouvel opus de la saga, le 21ème du nom, est un retour prononcé aux sources du mythe, à la jeunesse de James Bond, jeune agent des services secrets, qui entre de plein pied dans le monde du terrorisme international, en devant affronter le banquier des terroristes, typiquement nommé « Le Chiffre ».

 

Sombre, ténébreux, dur, ce James Bond dépoussière le mythe et renouvelle une série qui semblait vouer à plus ou moins court terme à l’abandon définitif, les agents secrets popularisant l’écran, de manière bien plus efficace (en témoigne le troisième opus des aventures de Jason Bourne, La Mémoire dans la Peau, La Mort dans la Peau, et bientôt sur les écrans, The Bourne Ultimatum).

 

Alors quoi de nouveau dans le monde de l’agent secret le plus célèbre ?

 

Il faut tout d’abord rappeler que Casino Royale est l’adaptation du premier roman de Ian Fleming, qui marque donc les débuts du héros James Bond dans la littérature. C’est donc un héros qui n’est pas encore un double « 0 », le fameux permis de tuer.

Après une introduction sombre qui introduit le nouvel agent James Bond dans son statut de 007, il est rapidement confié à Bond, après quelques péripéties africaines et américaines, une mission hautement périlleuse : défier Le Chiffre, banquier du terrorisme international, au poker, lors d’un poker no-limit au Casino Royale, au Montenegro.

 

Sur sa route, Bond rencontre Vesper Lynd, qui se charge de lui fournir les deniers du contribuable anglais pour jouer au poker. Celle-ci n’est malheureusement pas encore prête à affronter ce monde dont elle croyait pourtant faire partie.

Entre faux-semblants et trahisons, Bond joue la partie de poker la plus dure de sa vie, tout en succombant au charme de Vesper.

 

La réussite de Casino Royale, c’est d’abord la réussite du casting : Daniel Craig, impressionnant de charisme, de classe, dégage une puissance et une rage sombre qui font de lui un vrai agent secret, pour qui tuer fait partie du métier. A ses côtés, Eva Green, jeune comédienne française aperçue chez Bertolucci (Dreamers – Les Innocents) et chez Ridley Scott, avec Kingdom of Heaven, affiche ici une belle prestation, loin des James Bond girls cantonnées à des rôles de « décoration ». Son importance est primordiale pour le film, qu’elle traverse avec une élégance certaine, suffisamment pour faire fondre le cœur de Bond.

 

On retrouve enfin Judi Dench, dans le rôle de « M », toujours impeccable, Jeffrey Wright, véritable caméléon qui officie en tant qu’agent de la CIA, sans oublier, Mads Mikkelsen, figure du cinéma danois (vu dans Pusher notamment, et plus récemment dans Adam’s Apples), qui incarne avec brio « Le Chiffre », un méchant qui n’est pas caricaturé comme souvent.

 

James Bond est plus profond qu’à l’habitude, plus fragile également. Ses failles décuplent sa volonté, son engagement, sa dévotion.

 

Ce casting flamboyant est servi par un scénario notamment écrit par Paul Haggis (scénariste d’Eastwood pour Million Dollar Baby, également réalisateur du magnifique Crash (Collision)).

 

D’emblée, on est emporté par l’action vertigineuse, avant d’être attendri par la fragilité des personnages, de Bond à Vesper, mais aussi de M. Martin Campbell nous fait vivre de grandes émotions avec de la grande action (la course poursuite sur les grues, la course folle sur le tarmac de l’aéroport de Miami, l’accident spectaculaire de l’Aston Martin de Bond en pleine campagne monténégrine…). De l’adrénaline qui fait fi de tous les gadgets qui peuplaient les épisodes précédents et laisse place à de l’action brute, imprégnée d’un sentiment d’urgence perpétuelle.

 

Casino Royale marque le renouveau de la saga James Bond, qui, avec Daniel Craig dans le rôle titre, a de bonnes raisons d’espérer rebondir, après les années Dalton et Brosnan, dans des productions trop placides et dépassées.

 

Place à Daniel Craig, et à ce James Bond qui renaît de ses cendres !

 

Arnaud Meunier

03/12/2006